Orateurs et tribuns 1789-1794

L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA MONTAGNE. 289

mais son apostasie ne lui fut pas lucrative ; compris après la seconde Restauration parmi les régicides frappés de bannissement, il se retira en Belgique, y vécut jusqu’en 1830, revint en France et accepla une pension secrète de mille francs de ce même Louis-Philippe qu'il détestait, qu’il injuriait dans sa personne et celle de ses ministres. Après fout, il aurait pu répondre comme Henri Heïine qu’on s’étonnait d’entendre dire un mal infini de M. Guizot qui lui donnait six mille francs par an : « Je ne veux point paraître vendu. »

Il eut des paroles! qu’auraient pu lui envier un Néron, un Aïttila, un Gengiskhan : « La charrue doit passer sur elle. Le nom de Lyon ne doit plus exister?. Les rebelles sont vaincus, mais sont-ils tous exterminés?.… Un seul mot dira tout: « Lyon fit la guerre à la liberté, Lyon n’est plus. » Il réclame le même traitement pour Toulon, et tonne contre Camille Desmoulins coupable enfin de pitié : « Je dirai : noble, suspect; prètre, homme de loi, suspects ; banquier, suspect ; homme plaintif de tout ce qui se fait en révo-

1. M. Aulard l'appelle : un valet de bourreau malgré lui.

2. Nous en avons fait foudroyer deux cents d'un coup, et on nous en fait un crime! Ne sait-on pas que c'est encore une marque de sensibilité? On parle de sensibilité! Et nous aussi, nous sommes sensibles; les Jacobins ont toutes les vertus: ils sont compatissants, humains, généreux ; mais tous ces sentiments ils les réservent pour les patriotes qui sont leurs frères, et les aristocrates ne le seront jamais. » (Collot d'Herbois.)

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