Portalis : sa vie, et ses oeuvres

AVOCAT 5

, mêmes !. » Mot charmant, qui vaut tout un livre !

Les essais philosophiques de Portalis étaient le fruit de ses loisirs. La volonté de ses parents, son caractère actif, son éloquence naturelle le portaient vers d’autres études, le destinaient à une autre carrière. Dès l’âge de dix-neuf ans (1765), il était recu avocat à Aïx, sous le patronage de deux magistrats illustres, MM. de Montclar et de Castillon. |

Ses débuts furent brillants, mais difficiles. Le barreau, comme toutes les autres institutions, préparait alors sa révolution. Depuis l’apparition des légistes, il avait vécu de subtilités, de discussions de textes, de commentaires ambigus, et les aspects élevés de la science du droit lui avaient généralement échappé. Une école nouvelle travaillait à renverser cet ancien régime de la jurisprudence. Fondée par Montesquieu, propagée par Beccaria et Filangieri, elle voulait faire revivre les traditions juridiques de l’ancienne Rome et replacer l'étude du droit sur ses bases éternelles : la morale, l’histoire et la philosophie. Elle tentait d’élever les discussions, de les animer au soufile des idées philosophiques et de faire juger les causes suivant les inspirations du bon sens et de l'équité, plutôt que d’après les opinions incertaines et variables d’un commentateur?, Lespraticiens de vieille roche et les anciens

4. Notice de M. le comte Portalis, page 3.

2. « C'était l’époque où le barreau abandonnaïit ses vieilles tra» ditions oratoires pour les tendances novatrices de l’école philo» sophique, où Voltaire plaidait, où Beaumarchais consultait, où » la philosophie, se glissant sous la toge, usurpait, pour franchir » le seuil du parlement de Paris, le voix entraînante de Gerbier, la