Portalis : sa vie, et ses oeuvres
SES DERNIÈRES ANNÉES au
Napoléon était un de ces génies prédestinés. Portalis avait donc raison de demander que la couronne lui fût déférée ; mais, soucieux avant tout des droits de la nation, il rappelait que la nouvelle constitution consacrait les libertés conquises en 1789, que l'Empereur en jurait le respect et que le devoir du Sénat était d’éclairer le souverain, de l’avertir de ses erreurs possibles, de remplir auprès de lui « l'office de la conscience » et d'assurer l’inviolabilité de la liberté de la presse et de la liberté individuelle. Le Sénat vota la fondation de l’Empire; mais, quant aux garanties à prendre pour le maintien des principes de 1789, l’histoire n’a que trop prouvé qu’il n’entendit pas les sages conseils de Portalis.
En montant sur le trône, pour donner une nouvelle preuve de l’importance qu’il attachait aux affaires ecclésiastiques et des intentions bienveillantes dont il était animé envers le clergé, Napoléon créa le ministère des Cultes et le confia à Portalis (juillet 1804), Cette haute dignité faisait de Portalis le collègue des hommes d'État et des administrateurs les plus habiles, Talleyrand, Mollien, Gaudin, Decrès, Fouché, Chaptal ; elle le mettait en rapports quotidiens avec l'Empereur et couronnait dignement sa carrière déjà sur Le déclin.
En effet, si son intelligence restait toujours aussi vive et aussi puissante, sa santé commençait à s’affaiblir. Les luttes de tribune, les fatigues et les douleurs de l'exil, un travail excessif et de pénibles préoccupations n’avaient cessé, depuis son entrée dans la vie publique, de miner sa vigoureuse constitution. Sa vue,