Portalis : sa vie, et ses oeuvres
SES DERNIÈRES ANNÉES 331 nécessité de donner à l’enseignement un caractère uniforme et de neutraliser l’esprit d'opposition que fomentaient les pensionnats libres : Portalis répondit que, pour faire suivre les mêmes méthodes par tous les établissements d'éducation, il n’était pas besoin de recourir à des mesures extraordinaires. Par son droit d'inspection et de surveillance sur tous les pensionnats, par son influence directe sur les examens des professeurs, soit publics, soit privés, l'État avait assez de moyens de maintenir l’unité de l'instruction nationale. Toute contrainte lui paraissait devoir être non moins fatale aux lycées qu'aux pensionnats : elle eût empêché ceux-ci de graduer l’enseignement selon les intelligences, elle eût rendu inutile ou même dangereux pour l'esprit des enfants le travail parallèle et quelquefois contradictoire des deux maîtres chargés de les diriger ; d’un autre côté, les Lycées auraient perdu ainsi les plus précieuses ressources pour le recrutement du corps enseignant et seraient devenus odieux, en s’imposant aux familles.
Portalis démontre, enfin, que, loin d’éteindre les passions politiques, ce coup d'autorité les aurait, au contraire, surexcitées :
« … Ge n’est point, dit-il, par des mesures Coërci» tives ou prohibitives que l’on peut combattre avec » succès les efforts de la malveillance ou de l'esprit de » parti; il s’agit ici de choses qui tiennent aux pas» sions ou à des opinions exagérées ou suspectes. » Veut-on contraindre? On donne un plus haut de» gré d'énergie aux passions que l’on veut réprimer.