Portalis : sa vie, et ses oeuvres
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» discussion qui ne serait que philosophique et une sim» ple prédication * .»
On ne saurait mieux définir la nature du talent de l'abbé Frayssinous, ni le genre qu'il venait de créer : la conférence, cette controverse hardie portée par le christianisme dans le domaine de la philosophie, controverse que tant d’admirables orateurs allaient élever si haut, et qui est devenue, de nos jours, une nouvelle gloire pour l'Église et pour la France.
Constamment occupé de faire respecter la liberté du sacerdoce et de défendre les droits du clergé, Portalis n'était pas moins attentif à le maintenir dans la voie de la modération. Plusieurs de ses rapports témoignent du zèle avec lequel il recommandait aux prêtres une charitable tolérance, dans les cas si fréquents où des conflits peuvent s'élever entre les particuliers et l'Église, pour refus de sépulture ou de sacremenis.
En proposant à Napoléon I*' de sanctionner le rétablissement des dimanches et fêtes, il insistait sur la nécessité de ne prohiber que les travaux extérieurs et de respecter absolument, pour tout le reste, la liberté du for intérieur?. Ilretirait à l’Église la gestion souveraine de ses intérêts matériels : il l’obligeait à subir, dans les cimetières, la co-propriété et la surveillance des communes; dans la sacristie même, le contrôle des conseils de fabrique, et il détruisait ainsi les derniers vestiges de l'indépendance politique du clergé.
1. Rapport à Sa Majesté l'Empereur, au sujet des conférences de M. l'abbé Frayssinous. 44 mai 1807. (Portalis, Discours, rapports
et travaux inédits sur le Concordat, page 581.) 2, Portalis, loco citato, page 569.
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