Portalis : sa vie, et ses oeuvres
SES DERNIÈRES ANNÉES 34) Portalis restait fidèle au culte des lettres. En ouvrant, au mois de novembre 1803, les cours de l’Académie de législation, dont il était l’un des fondateurs!, il avait eu occasion d’insister publiquement sur la nécessité d’une alliance intime entre la jurisprudence et la littérature, ces deux créations de l’esprit humain qui se vivifient l’une l’autre; et son exemple confirmait le précepte. Aucun jurisconsulte, aucun orateur, parmi ses contemporains, m'était plus littérateur que lui, aucun n'avait plus de titres d'admission à l’Académie française. Cette grande institution, détruite comme toutes les œuvres de l’ancien régime par la Révolution, venait d’être rétablie, lors de la division de l’Institut en plusieurs sections, sous le nom de classe de la langue et de la littérature françaises, et l’un des premiers fauteuils avait été offert à Portalis. Ce fauteuil était sollicité en même temps par Dupaty et par le cardinal Maury : dès que Portalis l’apprit, il s’effaça devant le cardinal et se réunit à Mgr de Roquelaure, archevêque de Malines, et à l’abbé de Boisgelin pour appuyer l’élection du grand orateur de la Constituante. Celui-ci fut élu; Portalis le fut, à son tour, quelques mois après, et, pour sa réception, il composa l'éloge de son prédécesseur, le président Séguier, l’une des plus belles et des plus nobles figures de l’ancienne magistrature. En rappelant les phases diverses de cette vie pleine, active et intègre, où il put reconnaître la sienne, Portalis fit œuvre de jurisconsulte, de philosophe, d’homme
4. Moniteur de l'an XII, tome ler, page 258. 26 novembre 1803,