Portalis : sa vie, et ses oeuvres

AU CONSEIL DÉS ANCIENS 63 masse des émigrés, il s'élève contre la doctrine funeste qui tendrait à diviser la société en deux camps irréconciliables et à frapper les vaincus d’une éternelle proscription

Après cette protestation courageuse, Portalis poursuit l'examen des conséquences de la loi. Il prouve qu’elle compromettrait les intérêts les plus sacrés, qu'elle atteindrait non-seulement les héritiers présumés coupables, mais encore leurs cohéritiers innocents, les enfants à naître, ceux même des frères des émigrés qui, sacrifiant les traditions de leur famille au salut de la France, servaient comme volontaires dans les armées de la république. Il s’élève contre une injustice aussi criante et il ajoute ces paroles qui renferment, à ladresse des socialistes de “tous les temps, la plus nette et la plus éloquente réfutation :

« On nous reproche de réclamer sans cesse la jus» tice qui est due aux individus, ét de ne jamais parler » de celle qui est due à la république.

» Mais, dans la république, comme dans la nature, » y a-t-il autre chose que des individus?

» La société n’est pas les hommes; elle n’est que » leur rapprochement.

» L'homme existe par lui-même. La république ou » l'État n’existe que par convention.

» L'homme a donc des droits qui sont inséparables » de lui, qu'il porte dans la société, mais qui n’ont pas » été institués par elle.

» La société, au contraire, n’a été établie elle-