Portalis : sa vie, et ses oeuvres

AU CONSEIL DES ANCIENS 67

tion, au point de vue strictement légal et constitution nel, a perdu presque tout intérêt; mais il n’en est pas moins utile de constater avec quelle énergie il insista sur la nécessité de soustraire les fonctionnaires publics à la juridiction de droit commun. La garantie constitutionnelle, aujourd’hui si. vivement attaquée par les publicistes, n’était pas contestée sous la république, et Portalis pouvait dire, sans provoquer aucune réclamation :

« Il importe à l'intérêt public que les représentants » du peuple et ses premiers mandataires ne soient pas » environnés de piéges, de périls et de craintes; ils sont » la pensée, la volonté et la parole de la nation qu'ils » représentent; ils peuvent souvent déplaire, parce » que toujours ils ont à parler et à agir pour la » patrie conire les intérêts particuliers : si on pouvait » les attaquer légèrement, ils rencontreraient à chaque » pas des dénonciations et des oppresseurs. Ils ne » pourraient plus remplir leur mission avec ce courage, » cette sainte hardiesse qui élève l’äme, et la dispose » aux grandes choses.

» Il fallait s’écarter des voies ordinaires, établir des » formes et prendre des précautions qui, pussent ga» rantir la sûreté de ceux qui habitent la région des » orages, qui doivent surveiller et diriger le, jeu de » toutes les passions sans avoir jamais à en redouter » aucune!. »

Nulle déclamation ne prévaudra contre ces paroles :

1. Moniteur de l'an IV, tome II, pages 1308 el suivantes. Séance du 19 thermidor.