Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)

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toire un gouvernement ait rencontré devant soi des difficultés aussi nombreuses et aussi redoutables que celles avec lesquelles fut aux prises la première Restauration. Lorsqu’après le coup d'État de Brumaire, Bonaparte entreprenait de rendre à la France l’ordre, la sécurité, la prospérité, il trouva devant lui moins d'obstacles que les Bourbons, à leur retour, en 1814. La Révolutionetla Terreur avaient fait table rase de tout. De l’ancien régime ne restaient que des ruines, mais des ruines dont les morceaux étaient bons à employer à la reconstruction de l’édifice social et qui ne pouvaient ni l'empêcher ni la retarder. Pour construire, il suffisait de déblayer. Chacun brûlait du désir de s’y mettre. Sauf quelques résistances isolées, promptement et impitoyablement réprimées, Bonaparte ne rencontra que des bonnes volontés. La société qu'il tirait d'un abîme l’acclamait. Tout ce qu'il fit était jugé sage et glorieux. Ses actes et ses paroles ne recueilliaent qu'applaudissements. Les critiques n’osaient se produire ; les attaques étaient étouffées. La nation tout entière, condescendance, enthousiasme ou inertie, le poussait à l'Empire.