Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)

LAREVELLIÈRE-LÉPEAUX 67

Un homme qu’il accuse aussi impitoyablement qu'il accuse Lazare Carnot, c’est Barras. Et, certes, celui-ci, intrigant, vénal, jouisseur, moralement pourri jusqu'aux moelles, ne mérite pas

’être défendu. Cependant, entre tant d’accusations que Larevellière-Lépeaux inflige à sa mémoire, il en est une au moins qui n’est pas fondée. C’est celle qui présente Barras commeayant voulu trahir la République et ouvrir la France aux Bourbons, en se faisant payer sa trahison.

Elle circulait déjà dans Paris à cette époque, et Larevellière-Lépeaux s’en fait l’écho en affirmant qu'il en eut la preuve entre les mains. Il s’est trompé. Dans mes études sur l’Émigration j'ai pu ürer au clair cette intrigue obscure et oubliée et prouver pièces en mains, que, en cette circonstance, Barras ne se prêta point à cequ’un petit groupe d'individus, ayant àleur tête Montgaillard et Fauche-Borel, attendait de lui. On lui offrait quelques millions et divers avantages honorifiques s’il voulait livrer la France aux Bourbons. Soit qu’il ne crût pas au sérieux de ces offres, soit qu’il n’eût pas jugé la Restauration possible, ilse déroba aux entretiens qu’on voulait

nouer avec lui. Les négociateurs affirmèrent à