Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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reste d'humanité, il attendait peu d’indulgence pour luimême. Il flattait Robespierre, il lui créait un culte : l’imprudent ! il cherchait à fléchir un tyran tout formé, comme on cherche à amollir un tyran qui s’annonce. J1 le servait contre des ennemis que le comité de salut public voulait et n’osait encore perdre, tels qu'Hébert, Chaumette, Cloots, dont la popularité s'était élevée à mesure que la plus vile populace avait dominé. Il attaquait leurs infâmes et extravagantes institutions d’athéisme, qui vont tout à l'heure nous demander un tableau particulier.

Le style de Camille Desmoulins respirait l'ivresse et la franchise des saturnales. Il aimait à faire de continuels rapprochemens des faits et des personnages de la révolution avec des époques et des noms historiques. Il osa comparer l'état de la France, sous un prétendu règne de liberté, à celui de l'empire romain sous Tibère, sous Néron, sous Domitien. Ce fut avec les passages de Tacite qu'il dépeignit toutes les cruautés bizarres et contradictoires de l'oppression révolutionnaire. En se servant d’un tel voile, il n’avait ni lintention ni la possibilité de dissimuler des applications trop manifestes. Le traducteur ne put s’absoudre, et Tacite apparut comme un implacable accusateur à la conscience de tous ces hommes étonnés de trouver dans l'histoire et le modèle et le châtiment de leurs fureurs.

L’espérance entra dans les dix mille prisons de la France. On jugeait que Camille Desmoulins n'avait été que l’interprète de Robespierre, et que celui-ci se lassait d’obéir à des assassins subalternes. Tous les vœux se tournaient vers le tyran qui eût épargné la vie. Mais Robespierre vit la plupart des jacobins frémissant de rage et demandant la proscription de Camille Desmoulins. Il commença par désavouer avec : horreur les principes d'humanité qu'avait exprimés le vieux Cordelier ; il se justifia lui-même sur le mot de clémence qui lui était échappé. I définit la clémence des républicains et la sienne. On ne pouvait offrir un plus affreux tableau de cruautés. Enfin il laissa tomber quelques paroles d’une pitié dédaigneuse , pour sauver de léchafaud celui qui venait presque de lui préparer un trône. Déconcerté d’une si faible protection, Camille espéra qu’en redoublant de courage il inspirerait à Robespierre celui de soutenir ses propres desseins. Il écrivit encore. Il se rendit le fléau de Chaumette, d'Hébert : chaque jour il avancait leur chute et la sienne.

Phélippeaux, un autre député de la convéntion, vénait de publier un écrit plus courageux encore que ceux de Camille Desmoulins : e’était la révélation de tout ce que le comité de salnt public et la commune de Paris avait ordonné