Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
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» porté contre moi, j'allais me brûler Îa cervelle au pied de » cétte tribune. Voilà donc le fruit de més veilles, de mes tra» vaux, de ma misère, de mes souffrances ! Eh bien! je resteraï 5 parmi vous pour braver vos fureurs. » Le comble de l'insolence est traité de folie. La peur se cache sous le mépris. « Lais# sons les individus, s’écrie Tallien; assurons le salut de la 5 république ; décrétons qu’elle est une et indivisible. » Ce décret est porté. Ainsi, de cette lutte, dans laquelle les girondins accusateurs avaient paru avec tous lés présäges d'une victoire, il ne résulta qu’un décret obscur et perfide, concu comme l'arrêt de-leur supplice. :
Tout le caractère de là convention est empréint dans cette
: séance. k
Cette assemblée recevait en même temps ün présage plus Satisfaisant de ses étonnantes destinées : les armées triomphaient; des troupes levées au hasard et sous les plus affreux auspices voyaient fuir devant ellés ces vieilles troupes que le grand Frédericavait rendues l’admiration de PEurope. Céllesci hâtaient leur retraite sous l'influence d’un ciel ennemi , et Sous l’unique éran@lue leur vainqueur même. Des succès on moins inattendus, et dont nous rendrons compte plus bas, la conquête facile de la Savoie et du comté de Nice , l'entrée de Custine dans le Palatinat, et sa marche rapide, donnaient moins de gloire aux Francçaïs que de honte à leurs présomptueux énnemis. Les travaux qu’on avait commencés pour la défense de Paris étaient suspendus : ces succès satisfaisaient linsolence des jacobins, mais enchaînaient leur cruauté; ils étaient forcés de s'observer jusque dans leurs menaces. La convention était revêtue d’un pouvoir immense ; ils lui eussent appris toute l'étendue de ses forces , s'ils l’eussent placée trop tôt dans la nécessité de les développer. A peine le dixième de cette assemblée osait, dans l’origine, s'attacher ouvertement à eux. Avec cette minorité, composée des hommes les plus audacieux, ils pouvaient bien parer les coups de leurs adversaires, mais non leur en porter de décisifs. Ilssurent distinguer bientôt un grand nombre de députés qui pouvaient être amenés à leur parti par la peur, par l'envie, ou par une sombre exaltation. ” Près du lieu des séances de l’assemblée nationale, une autre convention existait dans l’ancien couvent des Jacobins. Voici quel était alors le régime de cette société, dont nous avons eu ne parler dans les époques qui précèdent celle-ci : elle s’assemblait le soir, et continuait fort avant dans la uit <es délibérations. Quelqueslampes éclairaientfaiblementlesvoñtes de cette enceinte monacale. On était presque contraint de S'Y présenter avec de sordides vêtemens. En y entrant, les hommes
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