Quatre commissaires du Conseil exécutif à Angers : (1794)

LUE

torches du fanatisme sont allumées, pour incendier vos belles et fertiles contrées; tous les éléments politiques sont mis en mouvement pour vous perdre; le vent du fédéralisme souffle, le torrent de l’anarchie vous entraîne, les foudres du royalisme grondent et vous menacent. Environnés de tant d’écueils, agités par tant d’orages, perdus dans l’obscurité de la tempête, cherchant partout la lumière et ne la trouvant nulle part, ne sachant plus dans quel port vous jeter, voyant le vaisseau de l’État tout prêt à s’engloutir, vous demandez à grands cris une Constitution. — A cette époque, Paris combattait pour la Montagne. L'explosion du 31 mai 1793 commence, elle est terrible; elle dévore, elle entraîne, elle foudroie tous les monstres qui s'étaient élevés contre elle; les noires vapeurs qui Pobscurcissaient depuis si longtemps et s'étaient répandues sur toute la surface de l’Empire, se dissipent ; le soleil de la Montagne paraît à vos yeux; il vous éclaire, il vous échauffe, et bientôt vous êtes Montagnards.

« Voilà donc le crime qu’on te reproche, peuple d'Angers : c’est d’avoir signé une pétition que tu connaissais à peine, c’est d’avoir demandé une Constitution. Eh bien ! si é’est un crime, c’est celui de tous tes frères de Paris. Et nous aussi, nous demandions une Constitution, non pas, à la vérité, celle que voulaient nous donner les Guadet, les Brissot, les Gensonné, mais celle que nous avons et qui doit faire le bonheur de tout Je genre humain. — Et d’ailleurs, si Paris lui-même n’a jamais bien connu la vérité sur la guerre de la Vendée, s’il ne la connaît pas même encore, malgré les efforts que font les patriotes pour la lui faire parvenir, pourrait-on vous faire un crime d’avoir ignoré ce qui se passait à la Convention? Ce ne fut donc qu’une erreur, ce fut celle de presque tous les départements. Ah! si On osait encore vous menacer de cette pétition, qui