Rapport historique sur les progrès de l'histoire et de la littérature ancienne, depuis 1789 et sur leur état actuel, présenté à Sa Majesté l'Empereur et Roi, en son Conseil d'État, le 20 février 1808, par la classe d'histoire et de littérature ancienne de l'Institut
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la science de la législation ne füt aisément Îa science de tous. Les membres les plus éclairés de nos assemblées publiques furent souvent vaincus, dans ces débats tumultueux, par la médiocrité active,et passionnée. Vainement ils rappelèrent les leçons de l'expérience et les principes de la justice; plus les agitations croissoient autour de nous, moins ils étoient écoutés, moins ils pouvoient être entendus. De toutes les sciences, celle qui craint le plus les orages politiques, c’est la législation. Appliquée alors à des maux violens, mais qui, par leur nature même et leur caractère, ne devroient pas être durables, conduite par des passions plus violentes encore, se croyant sans cesse forcée de recourir à des mesures extraordinaires pour conserver une autorité que ces mesures mêmes usent et détruisent, elle s’égare bientôt; et, foulant aux pieds ses propres maximes, elle ne marche plus qu'à tra* vers les injustices.
Cependant, au milieu de ces orages, s'étoient montrés des hommes faits pour coopérer à la législation d’un peuple; et la première de nos assemblées auroit marqué sa carrière par de salutaires institutions, si elle n'avoit été presque aussitôt entraînée par ce mouvement irrésistible qu'elle -même avoit communiqué. Elle se crut