Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

LE COMPLOT COIGNY-HYDE DE NEUVILLE. 99

— Vous avez bien tort de nier la vérité, reprit Fouché; Dupérou a fait des aveux qui infligent un démenti à vos dénégations. »

Moins crédule ou moins complaisant que Dupérou, Coigny ne se laissa pas déconcerter et persista dans son silence. Fouché le renvoya sans avoir pu le faire parler. C’est alors qu'’usant d’un autre moyen, il fit savoir à Mme de Coigny que si elle ne décidait pas son mari à des aveux, il serait fusillé. Cette menacé répétée au chevalier ne le fit pas se départir de son attitude. Il continua à se déclarer innocent, au grand dépit du ministre qui, pour dissimuler son échec, raconta le même soir, dans un salon, que Coigny avait avoué être à Paris le lieutenant général du roi et promis de donner à la police les lettres patentes qui lui avaient octroyé ses fonctions.

Tout était mensonge dans les propos de Fouché. Coigny n'avait rien avoué, lorsque la clémence de Bonaparte s’étendit sur lui. Le Premier Consul avait décidé qu'il serait conduit à la frontière et que l'interdiction de résider sur le territoire français constituerait son seul châtiment. Quelques jours plus tard, accompagné de sa famille, il quittait la France et passait en Allemagne.