Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

LE COMTE DE PROVENCE ET MADAME DE BALBI. 203

L'affection dont il l’honore, il s’attachera à en varier les preuves. Dès ce moment, il le fixe auprès de sa personne, il en fait son conseiller, s’accoutume à penser tout haut devant lui, captivé, tout à la fois, par le souvenir du service rendu et par tout ce qu'il y a dans la nature de d’Avaray de droiture, de probité, de délicatesse et d’instinctif dévouement.

En arrivant à Coblentz, qui va devenir la citadelle de l’'Émigration, il lui offre une épée, et, s’il n'inscrit pas sur la garde une « devise d’amitié », c'est que Mme de Balbi l’en détourne. Lorsque, à la date où commence ce récit, la mort de son neveu le fait roi et alors que d’Avaray veut le quitter pour aller se servir de cette épée en Vendée, il refuse de le laisser partir.

— Vous resterez auprès de moi, lui dit-il.

Et il le nomme capitaine de ses gardes, fonction, hélas! purement nominale, mais qui, du moins, donne une raison d’être à la présence de d’Avaray à sa petite cour. Bientôt, à ce témoignage de ses sentiments, il en ajoutera d’autres. Il décidera que désormais les armes des d’Avaray seront chargées de l’écusson de France « aux trois fleurs de lys pleines avec cette devise : Vicit ter durum