Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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Rouget, qui se dispose à écrire son histoire de Quiberon, tous les documents dont il a besoin. Rouget, en publiant cette histoire dont il a été témoin, se propose de détruire, par des documents irréfutables, les calomnies que les royalistes émigrés vaincus ont répandues sur les vainqueurs, notamment en ce qui touche à la question de capitulalion présumée et qui n’a jamais existé.

Ge travail intéresse l’auteur, heureux de la perspective d’un emploi dans le Phénix. Mais la mauvaise étoile reparaît. M. Lafite ne peut faire partie du conseil d’administralion parce qu'’il'est déjà administrateur d’une entreprise semblable, et sa volonté ne suffit pas pour faire admettre Rouget par le conseil composé presque exclusivement d’ultra-royalistes. Pour eux, l’auteur de {a Marseillaise est un épouvantail. Jugeons-en plutôt par ce qui suit : c’est Rouget qui raconte le fait à son ami Weiss, dans une lettre datée du 6 novembre 1819 :

€ J'ai vu hier M. Barbier en lui reportant quelques « volumes qu'il avait eu la complaisance de me prêter, «€ Un de ces incidents qui ne manquent jamais d’altérer « les jouissances infiniment rares qui me sont accordées, « m’empêche de profiter aussi souvent que je le désirerais « du charmant établissement auquel votre ami préside. Figurez-vous qu'un certain chevalier de Port de Guy, « que je ne connaissais et ne connais encore ni d’Eve, ni d'Adam, m'’ayant aperçu un jour à la bibliothèque, « s’en alla tout furieux, interpeller le jeune Barbier, en « lui demandant s’il me connaissait, s’il savait que je « fusseM. Rouget de Lisle. — Réponse affirmative du jeune « homme.— « Mais savez-vous que M. Rouget de Lisle est « l’auteur de l’'Hymne des Marseillais? — Sans doute. € — Et l’auteur del’ Hymne des Marseillais est reçu, est « souffert dans une bibliothèque royale! C’est une hor-

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