Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise
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Au passage de la Bérésina, de si triste mémoire, le refrain de la Marseillaise réveilla le courage des désespérés et ce fut Napoléon lui-même qui entonna le couplet: € Allons, enfants de la patrie. »
C'était le feu mis aux poudres et tous les soldats, ragaillardis par ce chant entraînant, continuérent leur route, applaudis par les mourants qui soulevaient leurs mains refroidies déjà, et ranimés par le chant héroïque de Rouget de Lisle.
Que d'exemples on pourrait citer où € chantentrainant réveilla le courage des désespérés.
Dans une étude à la fois sincère, honnête et vraie sur les chants de l’armée, Georges Kastner se plaît à rendre à la mémoire de Rouget de Lisle la justice qui lui est due, non seulement pour la Marseillaise, mais encore pour les nombreuses productions patriotiques qu'il a faites. Bornons nos citations à celles qui touchent à la Marseillaise.
« Si, aux jours néfastes de la première Révolution, dit Kastner, La Marseillaise mêla quelquefois ses accents aux cris de mort de la guerre civile, si elle retentit lugubrement autour de l’échafaud et devint un moment l'hymne de la terreur, elle put aux frontières se laver de ces souillures en remplissant un rôle plus conforme aux idées de patriotisme et de liberté des Français, partant plus honorable pour le pays. C’est là qu’il fallait la voir à l’œuvre. Elle enrôlait des milliers de volontaires ; elle chargeait les canons, elle bourrait les fusils; des enfants elle faisait des hommes; des hommes elle faisait des héros. Elle entrainait sur les pas de leurs pères, de leurs frères, de leurs époux, des femmes toutes surprises de se sentir disposées à combattre. Quand elle avait fait ranger son armée en bataille, elle commençait son immortelle harangue; semblable à ces déesses invisibles