Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires
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reur un long mémoire rédigé en langue latine ‘ où il exposait le profit que la maison d'Autriche pouvait retirer de la formation d’un état sud-slave dont lui, Brankovitch, aurait été naturellement le souverain. Les Bosniaques, les Serbes, les Bulgares, les Rasciens, les Thraces, les Albanais, les Macédoniens, disait en résumé le memorandum, considèrent l'Empereur comme leur futur libérateur. Ils espèrent qu’il voudra bien reconstituer un état illyrien. Les peuples illyriens naguère élisaient librement leur souverain. Il convient donc qu’ils élisent maintenant un despote, investi du titre de tsar, titre que les Moscovites ont emprunté aux anciens lilyriens. Outre le libre choix de leur souverain, les peuples illyriens demandent à l'Empereur le libre exercice de leur religion, l'intégrité de leur domaine. Si l’'Empeur les aide à se reconstituer, ils seront contre les ennemis orientaux des alliés fidèles, ils seront les antemurales du royaume de Hongrie. Le memorandum conelut en invitant l'Empereur à reconnaitre comme sérénissime despote, le seigneur Georges Brankovitch. Ce despote devra prendre rang parmi les princes du saint empire. Brankovitch rappelle à ce propos le titre de baron hongrois qui lui a été conféré quelques années auparavant. En attendant d’être installé dans la souveraineté qu'il réclame, le solliciteur demande une subvention annuelle de quatre mille huit cents florins qui le mette en état d'exécuter ses projets grandioses.
Évidemment l’auteur du memorandum faisait preuve de quelque naïveté et supposait à la cour de Vienne un désintéressement tout à fait étranger à ses traditions. D'un autre côté elle ne pouvait pas dédaigner absolument l’aide que lui apportaient les populations dont Brankovitch garantissait le concours eflicace. En attendant que ses vastes projets eussent l’occasion de se réaliser, Léopold le reconnut pour le descendant de la famille princière des Brankovitch, souve-
1. Une copie de ce document se trouve à la bibliothèque de l'Université de Bologne. Elle a été publiée par M. Tomitch au tome XLII des Documents (Spomenik) édités par l’Académie de Belgrade.