Six lettres inédites de Gustaf Mauritz Armfelt à Francis d'Ivernois
Les lettres que nous publions ci-après proviennent des papiers de Sir Francis d’lvernois, donnés par son fils, Auguste d’Ivernois, à la Bibliothèque publique et universitaire de Genève, le 7 octobre 1881.
D’après les conditions de ce don, la caisse renfermant les papiers ne devait être ouverte qu'après la fin du XIX® siècle, et son contenu ne doit être communiqué qu’à des citoyens genevois.
Le Genevois François d’Ivernois, frère cadet de Charles-Philippe d’Ivernois, général prussien, est né à Genève en 1757. Jeune encore, il devint avocat et — se mêlant aux luttes politiques de sa patrie — un des chefs du parti des représentants, soit du parti bourgeois. Le parti des zégatifs, soit le parti aristocratique, l'ayant emporté grâce à l’appui des puissances voisines, inspirées par Vergennes, d’Ivernois, récemment élu membre du Conseil des DeuxCents, fut condamné à l’exil, le 21 novembre 1782, et quitta sa patrie. Il n’y retourna que lorsque, sous l'influence des idées révolutionnaires venant de France, les bannis furent rappelés, et reprit sa place au Conseil le 1° octobre 1792. Quelques semaines après, il fut un des négociateurs de la convention du 2 novembre, conclue entre Genève et la France, celle-ci représentée par le général Montesquiou, auquel ce traité valut la perte de son commandement et la mise en accusation.
D’Ivernois lui-même dut bientôt s’exiler de nouveau, chassé par le triomphe du parti populaire. Il se rendit en Suisse, puis en Angleterre, où il avait déjà séjourné pendant son premier exil. Là, il entra en relations avec l’élite de la société anglaise, surtout avec le monde ministériel, qui l’encouragea à écrire contre la France et les gouvernements qui s’y succédaient. En même temps d’Ivernois,