Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France
partir pour la Prusse, où il aurait été mieux soigné.
Quant à moi, exténué d’un voyage où j'avais tant souffert, mais confiant dans l’avenir, je me décidai à rejoindre nos braves grenadiers, qui se trouvaient cantonnés à deux lieues de Marienbourg, et où je devais retrouver mon excellent chirurgien major David, en qui j'avais toute confiance. Mais à peine étais-je arrivé, que le commandant de notre régiment reçut l’ordre du départ.
Je fus bien contrarié de ce-nouvel incident, qui n’était pas le premier depuis la Bérésina. Le bourgeois chez lequel je logeais était un excellent homme, qui me fit cadeau d’un lit tout entier, matelas, couvertures, et tout cet attirail fut arrangé dans une espèce de char à échelles, et le soir je couchai dans une petite ville, à sept lieues de Marienverder, dans un moulin, où je fus très bien traité. Après avoir fait monter mon lit par la fenêtre, je régalai largement le paysan qui m'avait amené de Marienbourg, espérant pouvoir le garder encore quelques jours, mais je fut déçu dans mon espérance, €ar, pendant la nuit, mon homme décampa, me laissant son lit et tous les