Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France
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temps-là. Le jour suivant, j’arrivai à Culm, qui est une très jolie ville.
Le paysan qui nous conduisit, pour abréger la route, passa la Vistule sur la glace, puis la repassa une seconde fois, lorsque nous fûmes surpris par la nuit et fûmes obligés de loger dans un petit endroit; mais, pour être à l’abri des escapades nocturnes, dont nous avions éprouvé si souvent les inconvénients, nous fimes enlever les deux roues de la voiture et les harnais, que nous fimes transporter dans nos chambres. De cette manière, le paysan nous resta. À l'aube, nous remimes les roues à la voiture, et, à dix heures du matin, nous arrivâmes à Brumberg. Dans cette ville, j'eus la plus grande peine à trouver un logement. Je m’adressai d’abord à un négociant, qui avait à loger sept officiers et huit domestiques, de façon qu’il ne parut nullement disposé à me recevoir. Heureusement un bon bourgeois m'offrit son logement. Je m’y transportai avec mes infortunés camarades. On me donna quelque chose à manger, et l’on me prépara un lit passable. À peine installé, je priai mes compagnons de voyage de chercher le directeur des postes ; mais il était parti pour Posen, afin d’y organiser