Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France
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nie de mes souffrances, car mon voyage fut bien long et semé chaque jour de tant de contrariétés et de privations, que je crois devoir taire tout ce qui m’advint encore jusqu'à Custrin, où j'éprouvai une heureuse surprise que je ne puis passer sous silence. À peine parvenu dans cette ville, je rencontrai un chef d’escadron de dragons, qui, dans un accent italien très prononcé, m’appela par mon nom, en me demandant si je n'étais pas le lieutenant Bégos, dont il avait été le camarade de chambrée à Elvas. Je le regardai un moment et je reconnus bientôt un ancien brigadier, avec lequel j'avais passé des jours plus heureux en Portugal. «Hé bien! mon brave Bégos, me dit-il, vous n’avez pas l’air d'être dans un brillant équipage; mais vous avez ici quelques compatriotes de votre régiment. Je vais envoyer mon dragon à leur recherche, et bientôt vous serez au milieu d'eux. » En effet, après être descendu dans un hôtel modeste et n'être fait porter dans une chambre, je n’attendis pas une demiheure que je vis arriver le dragon, apportant la bonne nouvelle qu’il avait découvert mes camarades, et que je serais le bienvenu. Je me fis transporter en toute hâte auprès d’eux, après avoir