Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire
CAMPAGNE DE 1807 : EYLAU, FRIEDLAND 1407
En mission, l’aide de camp prend place selon les circonstances à la gamelle du soldat ou à la table du général auquel il est adressé. La table du maréchal Ney était sous les ordres de son intendant Rayer. Le personnel de l'office était fort nombreux. Les fourgons contenaient toujours des approvisionnements considérables. M. Auguié, beau-père du maréchal et administrateur des postes, veillait de Paris à ce que rien ne manquât au bien-être de son gendre à l’armée. Aussi, au fond de la Pologne, la table du maréchal était-elle servie comme elle eût pu l’être en France. Son cuisinier, d’ailleurs, avait un talent merveilleux pour faire un diner de quinze ou vingt plats, sans autres ressources qu'un bœuf qu'il métamorphosait de vingt manières différentes.
Dans ces moments difficiles, où l’on arrivait tard au bivouac, souventen présence de l’ennemi, ce n’était guère que vers les 2 ou 3 heures du matin que le dîner se trouvait prêt. On s’éveillait alors en sursaut et l’on mangeait. Dans la halte, Rayer faisait arrêter les fourgons pour distribuer les provisions. Nous fûmes rarement privés de café et d’'eau-de-vie.
Le maréchal Ney, admettant à sa table un grand nombre d'officiers, mangeait presque toujours seul. Quelquefois, il occupait sa place à la table de ses aides de camp, mais sa présence imposait une certaine retenue. C’est à l’armée surtout qu'est observé le principe qui veut que, pour conserver