Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire
GUERRE D'ESPAGNE EN 1808 ET 1809 124
apparaissait le front ceint d’une guirlande de cadavres.
Arrivés à Vittoria, nous apprimes que la division du général espagnol, marquis de La Romana, qui était en Danemark dans nos rangs, avait déserté nos armées pour voler à la défense de son pays ét était débarquée sur des vaisseaux anglais, le 30 septembre, à Santander, au nombre de 9 000 hommes. Ce nouveau renfort allait encore accroître dans une proportion redoutable les forces de nos ennemis.
Le maréchal prit le commandement d’un corps d'armée avec lequel nous nous rendîmes en toute hâte vers Durango, où nous trouvämes l’armée de Galice que nous hattîmes et que nous rejetämes sur Bilbao (1).
Dès lors, tout ce que je vis excita mon intérêt. Dans les pays que j'avais précédemment traversés, la civilisation des habitants m'avait paru différer peu de la civilisation française. L'Allemagne, tou-
(1) Le maréchal Ney allait reprendre en Espagne le commandement du VIe corps, reconstitué avec ses deux anciennes divisions (généraux Bisson, puis Lagrange et Marchaud) et la nouvelle division Dessolle. Les troupes, arrivant au mois d'octobre tant de France que d'Allemagne, autour de Vittoria, et celles repliées sur l'Ébre avec le roi Joseph, durent former l’armée d'Espagne : I corps (Victor), Ile (Soult), Ille (Moncey), IVe (Lefebvre), Vile (G. S-Cyr), Réserve de cavalerie (Bessières), la Garde arrivant en poste, puis Ve corps (Mortier) et VII (Junot) se réorganisant encore en France.
Le combat de Durango, suivi de la prise de Bilbao, ne fut que le résultat d'une pointe poussée par Ney avec les premières de ses troupes réunies à Vittoria au commencement d'octobre. (Note de l'éditeur.)