Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire
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le prince me vanta beaucoup la disposition de nos environs pour ces sortes de chasses.
Nos boïs de 150 et de 200 hectares, étant disposés à peu de distance les uns des autres, lui permettaient d’être toujours sur les traces de la bête, ce qui ne pouvait avoir lieu dans la forêt de Chantilly, à cause de sa grande étendue.
Je crus devoir lui rappeler les brillantes chasses, que donnait son père avant la Révolution, et celle qu’il donna lui-même à Breteuil, en 1788. Il me dit : « Oui, c'était une belle chasse; mon pauvre fils y vint aussi! » A cette phrase succéda un profond silence, qui rappela involontairement la plus grande faute de Napoléon (1).
Cependant, les maréchaux avaient reçu les charges de gouverneurs de plusieurs divisions militaires : Masséna était à Marseille, Reggio à Metz et Ney à Besançon. Un jour, le comte d’Artois devant visiter ce dernier gouvernement, le maréchal Ney reçut l’ordre de s’y rendre. Nous étions aux Coudreaux (2). Le maréchal partit, emmenant plusieurs aides de camp, mais il fut convenu que je ne le suivrais pas.
Le 27 octobre 1814, après la revue que passa le comte d'Artois, ce prince distribua, par ordre du roi, des croix de Saint-Louis aux chefs de corps
(1) L'auteur fait allusion ici à l'exécution du duc d’Enghien. (Note de l'éditeur.)
(2) La terre des Coudreaux, propriété du maréchal Ney, près de Châteaudun, Eure-et-Loir. (Note de l'éditeur.)