Souvenirs militaires d'Octave Levavasseur, officier d'artillerie, aide-de-camp du maréchal Ney (1802-1815) : un officier d'état-major sous le 1er Empire

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fection de Dumouriez, qui avait abandonné sa patrie.

L'Empereur lui-même, pour qui il avait une vive affection, ne lui paraissait qu’une personnification de la France; la seule voix de la France était son oracle : il lui obéissait en esclave. Ne nous étonnons donc pas si, en 4814, connaissant la désaffection du pays pour l'Empereur et apprenant l’enthousiasme avec lequel les Alliés étaient reçus à Paris, il fut le premier à élever la voix devant Napoléon et à prononcer le mot d’abdication en faveur du roi de Rome. Il était alors persuadé qu’on devait voir dans ce prince le souverain désigné par l'opinion nationale, indépendamment du rang qui lui appartenait par les constitutions impériales. De même, au 6 mars 1815, croyant reconnaître dans la consternation de Paris un indice de la répugnance inspirée par Bonaparte et manquant d’ailleurs de notions complètes sur l’esprit publie, par suite de sa retraite aux Coudreaux, il partit avec la ferme volonté de combattre l'Empereur : il le supposait encore repoussé par l’opinion. Qu'on ne s'étonne pas non plus si, quelques jours après, sachant l'entrée et la réception de Bonaparte à Lyon, le soulèvement des villes d’Auxonne, de Mâcon, de Dijon et la défection de ses propres troupes, si, voyant le drapeau tricolore arboré et l'enthousiasme éclater de toutes parts, il comprit que la dynastie des Bourbons n'existait point dans