Trois amies de Chateaubriand

TROIS AMIES DE CHATEAUBRIAND 11

conte qu’il a procédé ainsi et que ses sentiments personnels « se sont montrés dans ses ouvrages, appliqués à des êtres imaginaires! ».….

Dans la « préface testamentaire » qu’il a composée, en 1833, pour les Mémoires d'outre-tombe, il se vante d’être, parmi les écrivains français de son époque, « quasi le seul dont la vie ressemble à ses ouvrages? »,

Aïnsi, en 1826, quand il a déjà publié F Essai sur les Révolutions, Le Génie du Christianisme, Atala et René, Les Martyrs, L' Itinéraire, L’Abencerage, tout l’essentiel de ses livres les plus illustres, à cette date il ne considère ses ouvrages que comme « les matériaux et les pièces justificatives » de ses mémoires, — de ses mémoires, c’est-à-dire du tableau qu'il veut laisser de sa vie, du portrait de son personnage qu’il combine, améliore et enjolive au jour le jour.

Les Mémoires ont été sa principale, sa plus chère occupation, Il n’a soigné aucun de sès livres autant que celui-là. Plus que ses livres, il soignait son existence, le bel aspect de son activité. Mais, dans ses Mémoires, il réalisait pour l'avenir son existence; et 1l la corrigeait, il l’arrangeait selon l’idée qu’il avait de la perfection, il la débarrassait de ses repentirs, il lapprêtait pour la postérité. Ce travail lui était précieux et agréable.

1. Souvenirs d'enfance et de jeunesse de Chateaubriand (Paris, 1874), p. 2. 2. Mémoires d’outre-tombe, édition Biré, tome 1, P. XLII.