Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits
2 LE MARQUIS DE LA ROUËRIE
écrivait Grimm, jolie comme une fleur, quoiqu'elle n'ait pas l'élégance, la grâce et le caractère théätral de la figure de M"° Arnould ». Et le gazetier ajoutait : « M°° Beaumesnil relève de couches. ainsi c’est une personne des plus formées pour son âge. Je crois que jamais actrice n’a débuté avec autant d’aisance… Elle a eu le plus grand succès : si elle avait paru dans un rôle moins mauvais, elle aurait tourné la tête à tout Paris!. »
Elle tourna du moins celle d’un abonné de l'Opéra, M. de la Belinaye*. C'était un gentilhomme breton déjà mûr; pendant trente ans il avait vécu à son régiment ou dans sa province *, pestant contre la modicité de sa fortune, qui l’obligeait à la retraite. Gratifñié sur le tard d’un héritage considérable, il songea à regagner le temps perdu, fit
4. Sur le portrait de M°* Beaumesnil, gravé par Vidal, on lit ce quatrain : Est-ce une Muse, est-ce une Grâce Qui tient la lyre d’Apollon ? C'est toutes deux; Tibulle en instruit le Parnasse, Et Beaumesnil leur a prêté son nom.
2. Charles-René, comte de la Belinaye, né le 11 décembre 1735, à Fougères. Entré aux Gardes Francaises, en qualité de gentilhomme à drapeaux, le 24 décembre 1744; deuxième enseigne, le 93 novembre 1149 ; premier enseigne, le 2 septembre 1153; souslieutenant, le 5 juin 1151; lieutenant, le à octobre 1766 ; colonel du régiment de Condé, le 3 janvier 1710. Cette promotion subite nous indique peut-être la date de son changement de fortune et, par conséquent, du début de ses relations avec M'° Beaumesnil. __ Apchives du Ministère de la Guerre.
3. La terre de la Belinaye est voisine de Montours, dans les environs de Fougères.