Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits
UN GENTILHOMME D'AUTREFOIS 1
tures : ni les unes ni l’autre ne lui firent défaut.
Au moment d'aborder, après une traversée de deux mois, le vaisseau qui le portait fut attaqué par une frégate anglaise ; la moitié de l'équipage fut tué, le navire prit feu, la sainte-barbe sauta, tout le chargement fut perdu, et c’est à la nage que la Rouërie aborda, sans un vêtement, avec ses trois domestiques également nus, la terre de la liberté!.
Pareil incident n’était pas fait pour arrèter un homme de cette trempe : ayant obtenu de Washington l'autorisation de lever une légion, il s'occupa tout aussitôt de recruter des volontaires ;: mais les Français étaient assez mal vus alors en Amérique. Les premiers qui s'étaient offerts avaient révolté les indigènes par leurs prétentions el leur hâblerie, et la froideur de l'accueil que reçurent les propositions de la Rouërie avait toute l'apparence d’un congé. Pourtant, comme il était tenace et qu'il voulait se battre, il acheta, moyennant ia somme de 2.400 livres, le commandement d’un corps franc qu'avait formé un major suisse, et il se trouva prêt pour l'entrée de la campagne de 1777?.
Nous ne suivrons pas toutes les péripéties de cette étrange période de sa jeunesse. Il nous suffit,
1. Archives du Ministère de la Guerre. 2, Archives du Ministère de lu Guerre.