Un Agent des princes pendant la Révolution : le Marquis de La Rouërie et la conjuration bretonne 1790-1793 : d'après des documents inédits
UN GENTILHOMME D'AUTREFOIS 45
républicaines ; aux Français, par sa pétulance teintée d'une nuance de mélancolie ; à tous, par son courage héroïque et son indomptable ténacité. La légion qu'il commandait fut détruite en Caroline à la bataille de Cambden; dès la campagne finie, il passe en France !, y achète tout ce qui est nécessaire pour armer et équiper de nouveaux partisans : de retour en Amérique, il en fait l'avance au Congrès? et réorganise sa troupe. Au siège d'York, il monte, l'un des premiers, à l'assaut des ouvrages de l'ennemi, et Washington, en récompense de sa valeur, l'autorise à choisir, parmi les plus braves de l’armée, cinquante hommes pour renforcer sa légion ; partout il se dépense,
1. C'est au cours de ce séjour en France que la Rouërie obtint la croix de Saint-Louis. IL fut recu le 15 mai 1781. — Archives du Ministère de la Guerre, Ordre de Saint-Louis.
2, Voyage de Chastelux.
3. « Je fus chargé, par le Congrès. d'aller en France chercher des secours d'habits et d'armes, objets dont nos armées étaient alors entièrement dépourvues ; ainsi, arrivé à Paris, je songeais plus à remplir ma mission qu'à l'intérêt de mon ambition. Craignant que le Gouvernement ne se décidât pas, ou mit beaucoup de lenteur à se décider à fournir les objets que j'étais venu chercher, j'empruntai en mon nom 50.000 livres à 5 0/0 d'intérêts, fis mes achats et, pendant qu'onles conduisait à Brest, je songeai à faire valoir en France mes services d'Amérique. » — Lettre du marquis de la Rouërie au comte de Brienne. — Archives du Ministère de la Guerre. Dans un jugement du tribunal de Fougères concernant la succession de la Rouërie, nous trouvons : « Outre les biens-fonds... il existera, dans ladite succession, onze contrats sur le Gouvernement des Etats-Unis d'Amérique, montant ensemble à un capital de 57.951 francs. » — C'est là, sans doute, le remboursement de l'avance faite au Congrès.