Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues

APPENDICE. 423

Si la flotte de Toulon peut sortir, elle ira s'unir à Gravina, qui, en aucun cas, ne doit entrer dans le détroit. Si celle de Rochefort peut sortir, elle se réunira à Gravina. Celle de Toulon avec 11,000 hommes de débarquement, Gravina avec 3,000, elles doivent se porter aux Indes occidentales et attaquer la Jamaïque.

C'est l’ordre de Bonaparte; elles ne le feront pas, car il y a 14,000 hommes en état de défense dans cette île, et nous ne les croyons pas assez fous pour courir des dangers si extrêmes ; mais ils iront ravager les Antilles et les ranconner et finiront par se porter à la Martinique dès que les Anglais seront en mesure de les battre; mais aussi, dès lors, la vengeance sera implacable, et si l'Angleterre ne s'abuse, la clef du Mexique est dans sa main; ce sera une ruine totale pour l'Espagne, et l'Angleterre n’en tirera que le profit du moment et la satisfaction de se venger; mais nous savons qu’elle y est résolue pour apaiser les murmures et satisfaire le Parlement.

Talleyrand ira en Italie, à ce qu'il dit, mais il n’en a pas envie. Il est désolé que Joseph n'ait voulu se prêter à rien.

On lui a offert le titre de roi, mais avec des conditions secrètes d'alliance offensive et défensive insolubles, garnison de Bonaparte dans toutes les forteresses; il a tout rejeté, et il n’y a aucun moyen de le ramener.

Je termine là cet envoi, étant accablé de travail et croyant qu’il n’est pas possible d'en dire plus avec cette lettre jointe du 5 février.

Le reste est rempli uniquement d’affaires de ma mère et de ma sœur, sans aucun intérêt pour personne que pour

moi (1).

(1) Ces deux dernieres lignes ont été ajoutées par d'Antraigues à la copie qu'il envoyait au prince Czartoryski.