Un exemple à suivre : la Prusse après Iéna : 1806-1871

100 LA PRUSSE APRÈS IÉNA.

Nous avons donc plus d’une raison pour nous tenir sur nos gardes. Les ferments de haine, les froissements mutuels, les vieilles rancunes, toutes les causes de guerre, en un mot, peuvent être habilement exploitées par un prince ou un ministre allemand. Plus d’une raison peut hâter la crise. Il peut arriver que le bud-

+get de l'empire ne soit pas en équilibre, que les dépenses l’emportent sur les recettes ; et alors le trésor d’un voisin plus riche serait une forte tentation, Il peut arriver aussi, que pour‘réprimer toute velléité d'indépendance chez les petits États allemands, les Prussiens cherchent à resserrer plus étroitement le lien fédéral, à consolider l'unité germanique, el alors une nouvelle victoire sur les Français serait le meilleur moyen de finir l’œuvre ébauchée après Jéna, continuée à Sadowa et à Sedan. Il peut arriver encore que, pour avoir tendu outre mesure les ressorts de la politique autoritaire, un ministre prussien se trouve aux prises avec des embarras intérieurs, et alors la guerre étrangère aurait pour résultat de détruire toute opposition, d'étouffer sous le bruit du canon les revendications parlementaires. 11 peut arriver encore que l’Allemagne soit menacée sur sa frontière de l'Est par la Russie ; et qu'alors, pour éviter d’être prise entre deux feux, elle essaie d’écraser la France avant que la Russie, lente à se mouvoir, ne soit entrée en ligne.

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