Un missionaire de 93 : Marc-Antoine Baudot : son róle politique, ses missions, ses mémoires ou notes historiques

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couvraient du manteau du royalisme ou de la religion; où l'arbitraire et la violence, érigés en système d'administration, n’avaient d’autres limites que le caprice de l'autorité, et mettaient la fortune et la liberté de tous à la merci de l'agent le plus minime de la force publique et du plus obscur délateur ; où, enfin, l'honneur et la vie des citoyens étaient livrés à d’impitoyables juges, exécuteursserviles des

« rigueurs ordonnées par le parti que le triomphe de « l'ennemi avait rendu victorieux. Un fait étonne,

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quand on étudie les événements de cette époque, c’esL l'espèce de folle colère à laquelle se laisse emporter la justice, depuis les plus hautes cours, jusqu’aux tribunaux du dernier degré ; jamais pour eux il n’existe d'innocents ; pour eux, tout accusé est un coupable, les peines qu’ils prononcent dé-

« passent la mesure habituelle des châtiments même « les plus sévères ; ils ne jugent pas, ils frappent en

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furieux. Un mot pourra faire comprendre ces violences ; nous avons dit ailleurs comment MM. Pasquier et Guizot avaient interprété l’article de la Charte qui assurait l’inamovibilité aux membres de l'ordre judiciaire ; ce bénéfice ne pouvant appartenir qu'aux seuls magistrats munis de l'institution royale, l'octroi de cette institution resta suspendu comme une récompense où comme une menace sur la tête du plus grand nombre de ces fonctionnaires ; les membres des cours royales de Rouen, de Caen, de Limoges et d'Amiens, pour ne citer qu'un seul exemple, ne reçurent l'institution royale qu’au