Un missionaire de 93 : Marc-Antoine Baudot : son róle politique, ses missions, ses mémoires ou notes historiques
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qu'il avait de notre nature : ilen attendait des efforts que son imperfection frappe fatalement de stérilité. Il éprouve, du reste, à l'égard des masses, qu’il ne cherche pas à louer, ces sentiments de sympathie, mêlés de commisération qui, plus tard, animèrent les grands cœurs des hommes de 1848, et que, de nos jours, tant de politiciens dont ne s’honorera pas _la troisième République, savent feindre avec une si peu scrupuleuse adresse, pour faire de la faveur populaire, conquise à force de bassesse et de mensonge un chétif piédestal à leur lamentable médiocrité.
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Baudot, en résumé, soit comme missionnaire aux armées, soit comme homme polilique, soit comme écrivain et penseur, nous apparaît comme l’incarnation d’une période unique dans l'histoire de l’humanité. Ses actions, ainsi que ses pensées, nous montrent l'élévation de son esprit, la supériorité de son caractère. Il ne tenait qu’à lui d’imiter l'exemple de maints de ses collègues, el d'offrir à Bonaparte un concours que celui-ci eût payé avec un de ces titres nobiliaires qu'accompagnait une riche dotation 1 eût fallu, pour cela, renier son passé, courber la tête devant le petit officier d’artillerie, devenu premier consul, puis empereur ; il eut la dignité de se retirer de la vie publique après le 18 brumaire, et de reprendre sa profession indépendante de médecin. Tels ces vieux Romains que l’histoire nous représente labourant leur champ, après avoir sauvé la Patrie. Inclinons-nous devant ce modeste médecin de campagne, qui sut deviner le génie d’un grand général,