Une mission en Vendée, 1793
340 UNE MISSION EN VENDÉE, 1193.
1er fait. — Dutruy disperse toujours ses troupes afin que les brigands tombant en force sur des divisions peu nombreuses puissent facilement les écraser.
2e fait. — Dutruy ne commande jamais lui-même ; il ne se met jamais à la tête de ses troupes. Nantes et les Sables, voilà les postes où son plaisir l’appelle et dont son devoir devrait l’éloigner.
3° fait. — Il y a deux mois, Charette était sans force, la plus grande partie des brigands était détruite. Le reste errait çà et là et cherchait son salut dans l’épaisseur des forêts. Charette fait un dernier effort, se rend à Belleville distante de trois lieues de la Roche-sur-Yon, et forme un noyau de ses plus fidèles scélérats. Bientôt il .parvient à réunir 3000 hommes. Dutruy en est informé par le commandant de La Roche, où j'étais alors avec mon bataillon. Nous lui demandions tous à grands cris d'aller attaquer cette petite armée de brigands qui s’augmentait de jour en jour. Dutruy, qui sans doute avait ses desseins, se garde bien de céder à nos sollicitations réitérées, et laisse en repos ces gueux de Charette, qui par son activité infatigable est. parvenu à former une armée de 8 à 10 000 hommes à laquelle Dutruy oppose pour la forme des détachements très faibles.
Ce précis de la conduite de Dutruy suffirait, je pense, pour le faire connaître. Il est urgeut que ce général soit promptement remplacé, parce que d’ailleurs il a perdu l'estime et la confiance des deffenseurs de la patrie qui sont sous ses ordres.
En un mot, Dutruy bien caractérisé est un despote, un homme injuste, sans talents, sans patriotisme, et peut-être un traître.
La Rochelle, 6 ventôse, 2° année républicaine, Le chef du 4° bataillon de la Charente-Inférieure.
Signé : Repour.