Bitef

semparée. Je regardais ses yeux. Elle disait, presque en insistant pour me convaincre, qu’elle ne pouvait plus sortir du Séjour, cela lui faisait mal et peur. Peur surtout. Elle disait que c’était un spectacle sans espoir. Je répondis qu’à 80 francs la place, l'espoir n’était pas de mise, Elle sourit, forcée comme quelq’un qui renonce à se faire comprendre. A cet instant, le troisième partie du Séjour dont j’ignorais tout encore, s’est imposée à moi comme une réponse que je devais à ce déssaroi et à cette pudeur. Depuis le début des répétitions j'avais toujours procédé comme cela. A défaut de parler du monde, je voulais savoir ce que je regardais vraiment dans le monde et comment je le regardais. Le Séjour est le lieu de ces regards superposés et croisés, comme les strates d’un champ de fouilles. J’avais regardé et écouté les acteurs et j’avais fait un spectacle de ce qui

m'avait impressionné. Ils étaient, sans le savoir, comme des échantillons anonymes d’histoires, d’autant plus fortes qu’elles étaient quasi-secrètes. Entraînés par mes sollicitations, excités par leurs confidences réciproques ils amalgamaient autour de la table répétitions - couverte de photos et de livres - des souvenirs de soeurs mortes, de repasde famille avortés et de rencontres canrassières avec des inconnus. Au milieu da la table était ouverte, comme un centre ou comme un trou un reproduction sur deux pages du Déluge de Uccello. J’écoutais, et les noms s'effacaient et les circonstances singulières aussi, Il ne restait de ce qui leur était arrivé que des pointes ou des pincements; des débris. Leurs histoires ne leur appartenaient plus, chacune se stratifiait et s’enchevêtrait dans l’anonymat de celles des autres, De tous ces réseaux je faisais un sorte d’opéra silencieux que j’appelais, pour moi seulement, le Cirque. Un opéra sans per-

sonnage dont il ne resterait que le choeur, image lointaine et dévoyée du choeur antique, mais puet-être dernière représentation possible du choeur grec, aujourd’hui sans héros et sans dieu et bientôt sans chemin où avancer ensemble. Un choeur à l’instant de sa dissolution en une procession carnavalesque de trapézistes et de danseuses sans, emploi. Quelqu'un disait à propos d’une scène, paraît-il scabreuse, de la seconde partie du Séjour, qu’elle était un aveu d’impuissance théâtrale. Je compris, sans rien répondre, que je chercherai dorénavant à me tenir au plus près de cette-’jmpuissance, pour produire, par une incessante obscénité, une sorte de pornographie des âmes. □ François-Michel PESENTI Septembre 1989.

Katalog simulakra Boravak je rađen po jednoj priči, Pustošenje (Le Dépeupleur) Samuela Becketta, ali nije reč o dramatizaciji te příče. Oko te alegorijske minijature o našem svetu prikúpili smo. gotovo arheološkim metodom, druge alegorije koje predstavljaju zagonetke - zámke u koje upada priznanje koje odajemo samima sebi i svom oseéanju zajedništva. Beckettova priča, u kojoj se opisuje postojanje čitavog jednog naroda zatvorenog u valjak, evocirala je opis Vavilonske bibliotéke u istraživanji-