Bonaparte à Ancône

32 BONAPARTE À ANCONE

I

En cette fin de l’automne 1796, l’armée d'Italie manquait d’approvisionnements. Elle avait en grande partie vécu de réquisitions, depuis le début de la guerre : après six mois d'occupation, la Lombardie était épuisée ; les denrées levées à Parme, à Modène, et dans les Légations, en juin, étaient consommées: les propriétés anglaises séquestrées à Livourne n'avaient pas produit tout ce qu'on en avait espéré. Il n’y avait plus à compter sur de nouveaux magasins enlevés à l'ennemi, comme au début de la campagne. Venise seule pourvoyait encore, avec Gênes, au ravitaillement des troupes. Les fournisseurs avaient fait effort pour trouver ailleurs des ressources : les Marches, au delà de Rimini, jusqu'aux États de Naples, n'avaient encore subi aucune réquisition : il semblait que l’on pût s'y procurer facilement du blé et des approvisionnements; Ancône était le seul port de l’Adriatique, avec Venise, d'où l’on