Bonaparte à Ancône

LA ROUTE D'ANCONE 79

des Marches, plus facile, plus sûre et plus riche, et enveloppa en avant de la ville 3.000 soldats pontificaux qui ne firent aucune résistance‘. « Les troupes du pape montrèrent peu de courage, dit un témoin oculaire, et leurs chefs, une grande ineptie. Nos soldats étaient tellement indignés de la conduite des uns et des autres qu’ils disaient que pour leur faire la guerre ils n'avaient pas besoin de cartouches ; que leurs baïonnettes suffisaient, et même qu’on pouvait les vaincre en se présentant devant eux l’arme au bras*. »

1. Bonaparte, lettres et arrèlés, 4 au 10 février. — Marmont

Mémoires, 1, p. 259 et 59. — Moniteur Universel, 19 mars. 2. Le capitaine Puffeney, Corresp. hist. et arch., avril 1912, p. 114.

Ce fut dans cette journée que « le général Lannes s’avança sur le bord de la mer, et au détour du chemin, se trouva face à face avec un corps de cavalerie ennemie, d'environ 300 chevaux, commandé par un seigneur romain nommé Bischi. Lannes avait avec lui 2 ou 3 officiers et 8 à 10 ordonnances. À son aspect, le commandant de cette troupe ordonna de mettre le sabre à la main. Lannes en vrai Gascon, paya d'effronterie et fit le tour le plus plaisant du monde. Il courut au commandant et d’un ton d'autorité lui dit: « De quel droit, monsieur, osez-vous faire mettre le sabre à la main ? Sur-le-champ, le sabre au fourreau. » — « Subito », répond le commandant. «Que l'on mette pied à° terre et que l’on conduise ces chevaux au quartier général, » — « Adesso », reprit le commandant, et la chose fut faite ainsi. Lannes me dit le soir : « Si je m'en étais allé, les maladroïts