Catherine II et la Révolution française d'après de nouveaux documents

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y agir en toute sécurité. Voir les choses autrement serait oublier que Catherine, la meilleure élève de Frédéric II, était digne de son maitre.

Il est vrai que l’Impératrice se faisait de grandes illusions sur l’état de la France ; nous sayons qu’elle s’en fit jusqu’à sa mort. Le petit mot qu’elle adressa le 29 juin (9heures du matin) à Sénac de Meilhan, en est une nouvelle preuve : « Je crois, Monsieur, vous donner « une nouvelle bien agréable en vous faisant passer celle que je viens de recevoir de l’heureuse déli« vrance du roi Louis XVI de sa captivité. Sa Majesté «est sortie de Paris avec la Reine, le Dauphin, « M. et Mme le 9 juin (20). Ils sont heureusement arri« vés, le roi à Montmédy, Monsieur à Mons, 8000 gen« tilshommes français accompagnent le roi. » Le jour même Sénac répondit à l’Impératrice. Sa lettre,la seule qui ait été retrouvée, ne nous fait pas beaucoup regretter la perte des autres ; il nous suffit des « pancartes » de la souveraine pour avoir une idée de ce que devaient ètre celles de son correspondant. Tout à la joie de la fuite de Louix XVI, Sénac s’écrie : « J'ai toujours pensé que la contre-révolution était faite dans les esprits ;» et il sollicite un « local » pour y organiser des réjouissances. À son avis, la fuite du roi doit être dignement fètée. Sénac témoigne une telle allégresse qu’il en néglige son histoire ; mais dans le but de regagner les bonnes grâces de la Tsarine, il lui demande un entretien d'un quart d'heure. Celle-ci fit naturellement la sourde oreille ; elle n’accorda ni le « local » ni l’entretien,

Du reste notre historien ne s’en tenait pas à cette

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