Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

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possible dans un milieu plus favorable à son développement moral, que ne pouvait l'être la gentilhommière paternelle. Le messire Richard en question semble avoir été, à en juger par les lettres qu’on va lire, non seulement un homme assezpauvre, mais un assez pauvre homme; il ne se souciait pas de payer des frais de pension relativement considérables, et la supérieure de l’Union chrétienne craignait même qu'il ne songeât à se débarrasser de sa fille au plus vite, par un mariage quelconque. Ne voulant pas faire tort aux revenus de sa maison par une diminution d’écolage, elle avait accepté d’abord en faveur de Mie Richard le concours d’un digne ecclésiastique, puis elle songea, paraît-il, assez naturellement à l'oncle de la jeune fille, qu’on disait magnifiquement établi dans le margraviat de Bade. Malheureusement nous n’avons plus le commencement de cette correspondance; on doit supposer que Butré, bien qu’il fût absolument en froid avec sa famille, avait vaguement promis son concours à la sœur de Lataillée, et lui avait envoyé en même temps son opuscule sur l’'Objet de la mythologie, dans l'espoir de convertir l’aimable supérieure. C’est à cette promesse et à cet envoi que répond la première des épîtres qui suivent et qui nous permettent d’étudier un peu, du moins en passant, la France catholique d’alors, subsistant au sein de la France révolutionnaire. On trouvera peut-être, comme nous, que le physiocrate n’a pas toujours le dessus dans cette polémique, toute courtoise d’ailleurs, avec la religieuse poitevine. EMI « Poitiers, 28 mars 1790.

« Je saisis avec plaisir, monsieur, un instant de mieux pour vous témoigner ma sensibilité aux choses obligeantes que vous avez eu la bonté de me faire dire et plus encore, je l'avoue, pour satisfaire mon désir de m’entretenir avec vous.

1 Il faut lire sans doute : Jésus, Marie, Joseph.