Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

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la reproduction et sommes enfin convenus sur ce point essentiel..... C’est une fort bonne acquisition, parce qu'il écrit très joliment l'allemand et qu’il peut répandre l'instruction dans son bailliage. »

Notre physiocrate n’était pas cependant tout entier à ces questions techniques, et ses calculs agraires ne l'empêchaient pas de faire du sentiment, Sous une forme assez singulière, il est vrai, avec le beau sexe. À peu près vers la même époque, il écrivait à une noble inconnue, dont les initiales seules ont été conservées,” unelettre que nous reproduisons ici en partie, puisqu’elle nous paraît caractéristique pour le tour d'esprit de l'auteur et qu’elle servira de spécimen pour toute une série de rhapsodies analogues, que nous pourrons négliger dans la suite. En la lisant aujourd’hui, dans le brouillon raturé de M. de Butré, on est bien embarrassé de formuler un jugement concluant sur son compte. Avons-nous devant nous un adepte des sciences hermétiques, naïvement enthousiaste de ces doctrines vides et chimériques alors en vogue, ou bien peutêtre un habile roué qui, sous des formes mystiques, poursuit un but passablement réaliste ?* Dans ce bizarre et attrayant

1 C'était, d’après la suscription même, la cinquième lettre d’une plus longue série. Les préliminaires de la correspondance avec Mme de $. A. sont donc perdus.

2? Comme je n’ai pas entrepris le panégyrique d’un héros, mais un travail strictement historique, je dois dire au lecteur une des raisons, la principale même, qui ma mis en défiance sur ce point contre Butré et me porte à mal interpréter peut-être son galimatias mystique. J’ai retrouvé dans les papiers Fritz, portant la signature autographe de Butré, et lui ayant par suite incontestablement appartenu, une série des pires productions ordurières et lascives du xvrrre siècle; l’homme qui mettait dans sa bibliothèque Le Portier des Chartreux, Thérèse Philosophe et I? Ecole des Filles n’était pas, à coup sûr, un modèle de vertu. Mais on peut dire aussi qu’en ce temps, ces livres immondes traînaient un peu partout et que les plus moraux, les plus célèbres (qu’on songe à J.-J. Rousseau, Diderot, etc.) écrivaient des pages cyni-