Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

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une très forte banqueroute de 52,000 livres, .... Après des années ruineuses par des procès et des faux frais et des ruines de tout genre, il y avait bien assez là pour me faire mon contingent annuel de mécomptes. Je l'espérais, quand il a plu tout à coup à la Providence de me retirer mon petit-fils, enfant de cinq ans, de la plus heureuse espérance, que j'allais faire venir de Provence où il était avec sa mère, et que je regardais et devais regarder comme l’unique espoir de mon nom. Mes amis ont craint que je ne soutinsse pas ce dernier malheur, mais la résignation et le travail, tant rustique, que je poursuis toujours, que celui de cabinet, m'ont soutenu. » Il console aussi son correspondant de Carlsruhe en lui promettant une récompense céleste à défaut de celle d’ici-bas. « Laïssons dire l’impie ; l’ordre après lequel, vous et moi, nous courons tant et si vainement sur la terre, subsiste quelque part; il aura son tour pour nous, comme pour le reste de la nature et pour nous, comme créatures intelligentes et sensibles ; et chacun y recevra, selon ses œuvres et sa volonté, toujours d’une main miséricordieuse et paternelle. » A cette occasion, il l’entretient aussi d’une lettre que le roi Gustave IIT de Suède lui avait récemment écrite et dans laquelle se trouvait cette phrase : « Un roi qui se croit véritablement le père de ses peuples, des sujets qui se regardent tout de bon comme les enfants de leur roi, c’est, ce me semble, ce que la politique peut produire de plus admirable. » Il rattache à cette citation une espèce de profession de foi politique : « Je ne crois pas les derniers mots de cette phrase véritables. Je sais que l’objet essentiel de la politique est la durée et qu’une constitution ne peut porter sur le sentiment, guide trompeur et rarement paisible, mais sur des bases solides qu'on trouve seulement dans la propriété. Le souverain est un propriétaire comme un autre, qui a ses droits comme un autre et ses devoirs comme un autre, et quand il se contente de faire son devoir, sans se mêler de la chose d'autrui, bonne ou mauvaise, tout est bien