Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

ces singulières fantasmagories, nul aujourd’hui ne s'intéresse plus à la création de «l'embryon philosophique » dans le creuset rempli de mercure, autour duquel les adeptes d’'Hermès Trismégiste passaient alors, pleins d’anxiété, de longues heures de leur existence, sans que leur zèle patient aît jamais abouti à d’autres créations qu'à celle de l'Æomunculus de Faust. Nous dirons seulement qu’à ce moment reprend aussi la correspondance de Butré avec un employé du Trésor royal à Paris, nommé Clavier du Plessis, autrefois « adjutant-général » d’une loge maçonnique établie dans les environs de la capitale.! Cette correspondance roule principalement sur les problèmes hermétiques et maçonniques, mais Clavier, qui semble avoir été un homme d’affaires peu scrupuleux et fort pratique, entremêle sans cesse ses soi-disantes confidences dogmatiques d'appels de fonds, afin de publier à Paris un journal, Les Archives mytho-hermétiques, qui serait le moniteur officiel de la Science. Il croyait sans doute Butré plus riche et plus naïf qu'il ne l'était. Prévenu par le baron de Gleichen, l’un de ces nombreux gentilhommes allemands qui visitaient alors la France, et qu'il avait connu dans sa loge, que notre économiste jouissait d’une grande influence à la cour de Carlsruhe, il lui adressait des hommages intéressés, tout en le mettant en garde contre d’autres « charlatans », qui le valaient sans doute. Il le priait notamment de lui procurer appui d'un autre « amateur », du marquis de Nesle, pour obtenir du garde-des-sceaux le privilége du journal en

! On voit par une de ces lettros qu’autrefois déjà Clavier lui avait souvent écrit, et comme le commis au Trésor parle quelque part d’un major de Lavalette qu’il avait « entreconnu » à Tours, il se peut qu’il ait été le compatriote de Butré. La loge s’appelait la Respectuble Loge des Amis-Réunis; elle réunissait, au dire de Clavier, « tout.ce qu'il y a de mieux dans le militaire, la robe et la finance. » Elle était en correspondance avec plusieurs loges d'Allemagne, et « M. Saltzmann, licencié-. ès-lois », était son correspondant à Strasbourg.