Charles de Butré 1724-1805 : un physiocrate tourangeau en Alsace et dans le margraviat de Bade : d'après ses papiers inedits avec de nombreux extraits de sa correspondence...

A

«...Que ne me demandiez-vous des oranges pour votre route ? »

Butré ne s'était pas arrêté longtemps à Toulon, où il avait trouvé « l’instruction magnétique bien faible »; après avoir rendu visite à Malouet, alors intendant du port, et depuis l'un des plus éloquents défenseurs de la royauté constitutionnelle à l’Assemblée nationale, il s'était dirigé sur Montpellier. En route il recevait encore une lettre de M"* de Beauregard, qui lui donnait des nouvelles de la société d'Hyères ‘ et l'engageait vivement à se réclamer d’elle et de son mari, auprès de M. de Saint-Priest, intendant du Languedoc et du commandant militaire de la province, le vicomte de Cambis. Mais Butré v’était pas à toute heure un être sociable et il ne paraît guère, à en juger par les fragments de ses comptes de voyage, qu’il se soit longuement arrêté dans ce séjour hospitalier. Il préféra étudier les vignobles du Bas-Languedoc, puis remonter vers Nîmes, d’où il gagne Avignon, et se dirige vers Lyon, qu'il avait traversé déjà, au début de son voyage. L'aimable comtesse qui tenait à procurer partout un bon accueil à son vénéré maître, l’avait vivement pressé de visiter en chemin des parents à elle (un frère sans doute ainsi qu’une bellesœur), qui demeuraient au château de Vallières, sur la paroisse de Saint-Georges, à une lieue de Villefranche-en-Beaujolais. Butré obtempéra à ses sollicitations réitérées, mais il rencontra là-bas un milieu réfractaire à ses enseignements mythicomystiques. Il y a dans sa correspondance une lettre d’une comtesse de Vallières, datée de ce château, le 2 avril 1786, et répondant à une communication du baron, peut-être à l'envoi de son Objet de la mythologie, qui est écrite sur un ton bien

1 « Rien de neuf à Hyères. M. de Manneville est encore bien enfoncé dans l’ordre secondaire. L’écuyer de Saxe-Gotha et son ami se sont embarqués pour Nice. Les autres étrangers sont toujours malades et hypocondres; ils sont vraiment plaisants avec leurs maux et leurs remèdes de chevaux. »