Correspondance de Thomas Lindet pendant la Constituante et la Législative (1789-1792)

2 CORRESPONDANCE DE THOMAS LINDET

Quant au premier objet, dans un moment où il n'existe aucuns fonds publics, où l’emprunt nouvellement ordonné n’est pas tout à fait au pair de la dépense, il me paraît que la ville ne peut pas solliciter un secours illimité. Elle doit se borner : 1° à demander la réduction du prix de ses traités au prix ordinaire des agents du gouvernement, savoir 396 mines de blé achetées à

28 livres à réduire à 20 livres, prix du gouvernement; 150 mines de seigle achetées … livres, à réduire à .… livres; 2° demander qu'il lui soit tenu compte sur ses impositions de la perte évaluée à ... livres, résultant de la nécessité où l’on s’est trouvé de réduire le prix du pain à 2 sous, lorsque … (1) vendait à un taux qui fait porter

le prix du pain à 5 sous.

{Suivent quelques lignes peu lisibles dans lesquelles Lindet établit que cette perte était imposée à la ville par la nécessité

ville qui n'était pas de sa généralité, mais M. de Montaran, alors à Rouen, donna à Lindet une lettre de recommandation pour l'intendant, qui le mit en relation avec M. Le Borgne. Lindet acheta donc 108 mines de blé à M. Le Borgne pour le prix de 28 livres, et M. de Montaran lui accorda 150 mines de seigle payables au prix courant. Or, le blé se vendait à la halle de Rouen 20 livres la mine, alors que le député de Bernay était obligé de l’acheter 28 livres, sans compter les frais de transport. D'un autre côté, M. de Segonzac, chargé de la vente des grains pour le gouvernement, ne voulait plus se contenter du prix courant pour le seigle qu’on avait voulu payer comptant.

Le 12 août, la ville de Bernay arrête une adresse à l'Assemblée nationale pour obtenir une remise sur le traité du blé fait avec M. Le Borgne, et sur le prix du seigle fourni par M. de Segonzac. Elle consent à payer le prix de la halle de Rouen, et prie l'Assemblée de prendre en considération la détresse où elle est réduite par la cherté des grains, la chute de ses manufactures et l’anéantissement de son commerce. À ce mémoire en était joint un autre contenant des propositions propres à prévenir le monopole des grains. Ce dernier mémoire était également adressé au ministre des finances Necker et à M. de Pouddens, abbé de Bernay, en lui demandant des secours.

C'est au sujet de ce mémoire que M. Th. Lindet écrit cette lettre aux officiers municipaux de Bernay. Le papier en est détérioré par l'humidité, et présente quelques lacunes — mots enlevés ou détruits avec le papier, ou même simplement effacés et illisibles.

(x) Ces points suspensifs et les suivants marquent la place de quelques mots que nous n'avons pas pu lire. Placés à Ia fin d’un paragraphe, ils indiquent la suppression d'un passage de peu d'intérêt historique,