Danton émigré : recherches sur la diplomatie de la République an 1er-1793
62 DANTON ÉMIGRÉ.
PA
Anglais en décrétant qu’on discuterait en leur présence le procès du dernier de nos tyrans. Il y a soixante siècles que les rois font la guerre à la liberté! Les prétextes les plus misérables leur ont servi pour troubler la terre. Mais encore quelques moments, et les despotes et leurs canons seront muets : la philosophie les dénonce à l'univers, et l'histoire, souillée de leurs crimes, a donné leur signalement. Bientôt on écrira les annales des peuples : elles seront celles de la vertu; et, dans les fastes de la France, une place est réservée aux témoignages de fraternité que nous donnent des Sociétés anglaises et irlandaises et spécialement la Société constitutionnelle de Londres... Ah! si jamais l’on attente à votre liberté, parlez! el nos phalanges victorieuses sur les rives du Rhin, de l'Escaut, du Var et de l'Isère, franchiront le Pas-de-Calais pour voler à votre défense.
« Sans doute, l'année nouvelle, qui s'approche, verra renaître tous vos droits. La rentrée de votre Parlement fixe nos regards. Nous espérons qu'alors la philosophie tonnera par la bouche de l’éloquence, et que les Anglais remplaceront la grande charte du roi Jean par la grande charte de la nature.
« Les principes sur lesquels se fonde notre République ont été développés par des écrivains célèbres de votre nation. Nous nous sommes emparés de leurs découvertes dans l’art social, parce que les vérités révélées au monde sont la propriété du genre humain. Un peuple qui a müri la raison ne voudra pas une demi-liberté; il refusera, sans doute, de capituler avec le despotisme.
« Généreux Bretons! confédérons-nous pour le bonheur de l'Humanité; poursuivons, etc. (1). »
I n’y a pas, au reste, que le président de la Convention qui ait exprimé la gratitude publique pour les dons et la sympathie des républicains anglais.
On trouve dans la Gazette nationale, à la date du 29 novembre 1792 encore, une lettre du ministre de la Guerre et une motion de Barère relatives au même sujet :
(1) Feuille Mame et le Moniteur, qui ne donne que des extrails de l'adresse et du discours (27 nov. 1792).
Il sera aisé de constater, d’après certains passages de l’allocution de l'abbé Grégoire aux délégués anglais, à quel degré la Convention nationale, en décembre 1792, était entrainée sur la pente de la guerre de propagande, et quel enthousiasme avait produit l'idée de supprimer le despotisme dans l’Europe entière, par le bras de la France armée.