Du role des légistes dans la Révolution : discours prononcé à l'audience solennelle de rentrée la 3 novembre 1880

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L'accord dans les esprits était fait depuis longtemps sur certains points de la législation. Notre Code de commerce reproduit en partie les grandes ordonnances de 1673 et de 1681. Les ordonnances de 1731 et de 1735 renfermaient des dispositions sur les donations et sur les testaments qui sont passés dans nos lois. L’édit des secondes noces de 1560 interdisait aussi l'abus des libéralités à l'époux du second mariage; Pothier avait fait un Code complet de la matière des contrats et des obligations ; enfin un essai de codification des édits et ordonnances avait été tenté par les anciens Rois.

Donc tout n’est pas nouveau dans la Révolution. Mais ce qui lui appartient en propre, c’est le sentiment si humain et si généreux de l'égalité civile; cest l'émancipation des humbles et des petits ; c’est la glorification du travail qui produit, donne la richesse, le pouvoir, et déplace la fortune publique et l'influence sociale; c’est l'égalité des partages, la juste et nécessaire limitation du droit de tester; c'est la séparation du temporel et du spirituel; c'est la sécularisation de la société qui assure la meilleure des garanties à une liberté sacrée entre toutes : la liberté de conscience; c'est le développement de la personnalité humaine, le relèvement de la dignité individuelle ! Ces nobles idées honorent la Révolution; elle les a répandues dans le monde pour aider à l’affranchissement des peuples; ces précieuses conquêtes sont le patrimoine de la France; il n’est pas de puissance assez forte pour les lui arracher; elle y tient comme à sa vie, parce qu'elle y voit le gage de sa prospérité et de sa grandeur morale.

J'aurais fini, si je n'avais pas un pieux devoir à remplir, celui de rendre hommage à la mémoire des