Étude historique et biographique sur Théroigne de Méricourt

66 THÉROIGNE DE MÉRICOURT.

vague désir de ménager les représentants des idées nouvelles, la célèbre aventurière qu’il avait connue petite fille. II la reçut dans son château de Fanson, à l'instigation du comte de Maillebois, agent principal des princes français émigrés, qui croyait avoir intérêt à ménager et à même gagner la prétendue complice du duc d'Orléans. M. de Sélys, dans sa correspondance{, fait valoir cette hospitalité comme un service rendu « à la bonne cause ». La baronne de Sélys, plus jeune que son mari de vingt ans, et appartenant d’ailleurs à une famille libérale, semble être éprise de Théroigne, vers qui l'attirait l'attrait d’une réputation brillante, d’un rôle politique mystérieux, enflé par les mille voix de la Renommée. La belle Liégeoise s'installa bientôt à la ferme de la Boverie, près de Liège. Pressée de besoins d’argent, elle engagea au Mont-de-Piété de cette ville ceux de ses bijoux qu'elle n'avait pas laissés au Mont-de-Piété de Paris. Il sera question de ces bijoux tout à l'heure.

Mais les Autrichiens ne pardonnaient pas à l'amazone du 6 octobre, à l’ennemie de Marie-Antoinette, qui venait les braver chez eux et exciter

1. Lettre du baron de Sélys à son médecin, M. de Limbourg, auteur des Amusements de Spa. Citée par M. J. Demarteau (voir plus bas).