Études historiques et figures alsaciennes

LA POLITIQUE FRANÇAISE DE GOËTHE 71

que la guerre gâte le caractère. On joue toujours un double rôle; on est tantôt le vaillant et le dévastateur, tantôt le consolateur et le bienfaisant. On s’habitue à faire des phrases, à vouloir, dans les situations les plus désespérées, soutenir l’espérance, et l’on se façonne ainsi à un genre particulier d'hypocrisie, qui, pour n'être ni celle du prêtre, ni celle du courtisan, n’en est pas moins de l'hypocrisie. »

Aussi, à peine a-t-il repassé la frontière, l'esprit encore plein des souvenirs d’une expédition peu glorieuse, qu'il pousse un cri de délivrance. Il a précédé l’armée à Luxembourg, dont il admire la situation pittoresque, mais qui est transformé en un vaste hôpital. Le 16 octobre, il écrit à Herder : « Je chante au Seigneur le plus joyeux des psaumes de David, pour le remercier de m'avoir sauvé de cette fange qui m'allait jusqu’à l’âme. »

Il faut songer, pour comprendre toute la pensée de Gæthe, que cette campagne, dans laquelle il avait été engagé malgré lui, n'avait

rien de ce qui peut rendre une guerre héroïque